• icone des tags israël, c'est quoi le problème, ça vous dérange qu'on vive ensemble ?, Société

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    le 23/07/2009 à 23:28, vu 751 fois, 2 nombre de réactions
    Info non vérifiée par la rédaction du Post.

     

    Pendant que continue à s'écrire tout et n'importe quoi sur ces sites, je me trouvais ce matin à l'hôpital Ihilov de Tel Aviv.

    Salle d'attente.

    A la base, je déteste attendre. Mais bon, là, je dessine et l'ambiance est aussi climatisée qu'israélienne.

    Un monsieur anglophone très occidental et sérieux en costume compulse ses dossiers.

    Une charmante sabra délurée glousse avec sa copine avachie sous la tiédeur moite des sièges.

    Un petit garçon arabe ne me quitte pas des yeux. Je croise le regard de sa mère voilée qui me sourit.

    Un jeune soldat tranquille assure à l'arrachée le sous-secrétariat avec traduction simultanée pour tout ce petit monde.

    Tout ce petit monde, le soldat compris, manches relevées sur autant de couleurs de peau que de personnes, attend patiemment les résultats des tests d'allergie.

    La vérité, c'est que pendant que le reste du monde déblatère, ici, on vit ensemble.

    Alors, une atroce pensée me traverse l'esprit. Et si, tous autant que nous sommes, nous avions la même allergie ? Une allergie incurable ? A la stupidité née de l'ignorance, par exemple. Ou à la méchanceté née de l'indifférence. C'est quantifiable, ça ?

    Nous voilà beaux.


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    le 21/07/2009 à 16:42, vu 527 fois, 1 nombre de réactions
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    J'ai longtemps fait de la radio.
    Et j'ai interviewé plein de gens. Des intéressants et des moins intéressants.

    - C'est laquelle, l'interview qui te laisse le souvenir le plus fort ? m'a l'autre jour demandé ma fille.

    J'ai bien réfléchi. (Tout arrive)

    Et je me suis souvenue de cette curieuse saison vécue à Courchevel, où j'ai rencontré tout ce que le monde compte de célèbre et d'influent en doudoune. Et un jour, mon copain le maître d'hôtel d'un grand palace m'a téléphoné.

    - J'en ai un bien pour toi.

    Blasée.

    - Chanteur, acteur, homme politique ?

    - Tss. Tss. Astronaute.

    - C'est vrai ?

    - Mais attention, hein, pas n'importe lequel. Un qui a marché sur la lune.

    Je suis morte de honte, mais je dois avouer que je ne me rappelle pas de son nom. Je pense que c'était Collins. Je l'abordais avec enthousiasme. J'étais jeune, n'est-ce pas...

    - Déjà que je rencontre un astronaute, c'est trop joli, mais qu'en plus, ce soit en Moon boots...

    Je me souviens, ça l'a fait sourire. Alors, très charmant et discret, c'est comme ça que je les aime, il m'a raconté avec un petit sourire et sur le ton de la confidence.

    - La mission prévoyait que je reste à bord. Mais je ne pouvais pas être là et regarder les autres danser sur le sol lunaire sans rien faire. Alors, j'ai profité que personne ne me regarde et très vite, je suis descendu moi aussi, et j'ai posé un pied sur la lune. Celui là, a-t-il ajouté, en levant la jambe.

    Et son oeil frisait.

    Alors voilà.

    Je ne sais pas s'ils ont marché dessus. Mais moi, j'en ai rencontré un qui y avait posé un pied.

     


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  • Je donne des cours de français dans le centre de Tel Aviv à une adorable petite fille égyptienne de 6 ans. La maman, voilée, est une lumineuse personne. Le père, très charmant et élégant, est un haut dignitaire égyptien en poste pour quelques mois en Israël.

    Il y a bien certaines choses que je ne comprends pas bien. La famille n'ouvre jamais ses volets. Quand j'ai voulu inviter ma petite élève à manger une glace en terrasse ou à visionner une cassette chez moi, la maman m'a murmuré d'un air désolé qu'elle n'avait pas l'autorisation de son mari.

    J'ai écrit que je ne comprenais pas bien, mais je respecte et j'admire ces arabes en poste en Israël qui sont tenus de prendre des mesures particulières pour protéger le retour de leurs enfants au pays. Une petite fille trop délurée serait en danger en pays musulman. Un enfant arabe parlant hébreu ou simplement manifestant une tendresse pour la langue juive serait aussi en danger.

    Au delà de toutes les âneries que l'on lit et que l'on entend ici et là, cela est notre réalité quotidienne.

    Ma réalité quotidienne, c'est la tendresse réelle qui m'unit à cette famille.

    La semaine dernière, j'embrassais la maman pour partir à la fin de mon cours quand elle m'a dit, attends, je veux te montrer une photo.

    Et elle m'a apporté une photo encadrée de son mari serrant la main de Shimon Peres, président de l'Etat juif. Sur le cadre figuraient les deux drapeaux israélien et égyptien.

    Et tu vois, a-t-elle ajouté en me montrant une sculpture de bronze qui trônait sur la commode, ils nous ont aussi offert un petit buste de Ben Gourion.

    Voilà. J'avais envie de partager avec d'autres ce moment magique, de ces moments qui nous donnent envie de continuer parce qu'on sait ici que tout est toujours possible.


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  • Il y a à Holon en Israël un très intéressant Musée des Enfants.

    La plus étonnante activité qui y est proposée est "le parcours des aveugles". L'occasion pour tout un chacun de vivre une troublante expérience, et placé en situation inédite, dans la plus totale obscurité, de voir les choses autrement.

    Lors de ce parcours, les visiteurs sont donc plongés dans le noir total. Dans ce noir épais, on traverse six ou sept situations, la traversée d'une forêt, d'une route en ville, la visite d'un chalet, un matin au marché, que sais-je encore. Ah si, on passe un pont et on termine au café où on commande, toujours dans le noir, une boisson que l'on boit entre amis.

    Les guides sont des aveugles. Lors de ma visite, la mienne fut une admirable personne au parcours d'Helen Keller, aveugle de naissance, grande universitaire qui choisit de faire de sa retraite un temps utile à tous.

    Si je raconte cela, c'est parce que le moment le plus extraordinaire de l'expérience, c'est le retour à la lumière. Après avoir trinqué en nocturne, les visiteurs y sont ramenés en douceur dans une salle fraîche baignée d'une douce pénombre.

    Parce qu'après la plongée dans le noir total, si on essaie de revenir directement à la lumière, alors on est totalement aveuglé par la clarté.


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  • De l'aberration de refaire un procès....

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    le 19/07/2009 à 19:53, vu 987 fois, 4 nombre de réactions
    Info non vérifiée par la rédaction du Post.

     

    Un ministre de la Justice qui demande à un procureur général de faire appel de condamnations trop indulgentes, c'est la République toute entière qui reconnaît qu'elle a fait une erreur de jugement.

    Inadmissible. Intolérable.
    La République, c'est le peuple et la République ne fait pas d'erreur.

    Ce n'est pas comme si on était dans un pays qui se serait sacré  un empereur à peine plus de 10 ans, allez, 11, après avoir décollé à la hache la tête de son roi en hurlant à bas la monarchie, tout de même.
    Pas comme si quelques années plus tard, à son deuxième essai de république, les Français n'avaient élu très démocratiquement comme premier président de la république qui donc ? le neveu de Napoléon soi-même. De quoi, de quoi ? Et pourtant si, tenez !

    Comment ? Je vais chercher un peu loin ? Certes. La liberté naissante est toujours balbutiante. Qu'à cela ne tienne.

    La République ne se trompe jamais, disais-je.

    Ce n'est pas comme si le pays des droits de l'homme n'avait attendu le 27 avril 1848 pour abolir l'esclavage. Et encore, la loi ne s'appliquait pas à l'Algérie, ni à certains territoires et autres pays d'Afrique..

    Le droit de vote des femmes, on en parle ou pas ? Ok, pas tout en même temps.

    1940, tiens. Au hasard.
    Ce n'est pas comme si le gouvernement de collaboration de Vichy n'avait outrepassé les termes des accords relatifs aux juifs avec un zèle douteux.
    Ce n'est pas comme si le pays des droits de l'homme ne s'était avéré le seul pays d'Europe où les allemands ont pu déléguer en toute confiance la déportation de ses juifs, sans même avoir besoin d'être présents.
    Ce n'est pas comme si ces juifs déportés n'avaient été frénétiquement prioritaires sur tous les autres prisonniers.
    Pas comme si certains ne semblaient aujourd'hui avoir besoin d'un dessin pour comprendre que cette priorité-là, on s'en serait volontiers passé ? Ca ne va pas, ou quoi ? Oubliez-nous, rendez-moi ma famille, je signe tout de suite.
    Pas comme si n'étaient arrivées au Lutétia siège de la Gestapo à Paris quelque chose comme un million de lettres de dénonciation. Anonymes, les lettres, je le concède, mais rédigées en français, donc émanant vraisemblablement de francophones patentés.

    Mmmmm.
    Allons, ne remuons pas la boue, sautons la guerre, ce n'est pas comme si après, la position de la France n'était, n'est toujours extrêmement difficile.
    Pas comme si dans notre pays vaincu dès 1940, puis rapidement passé à l‘ennemi sous couvert de collaboration, la résistance qui s’institua très vite n'était le fait d’hommes s’opposant à un régime d’état, contre lesquels la répression fut des plus féroces.

    Il y aurait alors une extrême indécence à essayer aujourd’hui de faire de la France un pays résistant qu’elle n’était pas. Non, la France ne fut pas un pays résistant. Mais il y eut des résistants au pays de France. La nuance fait toute la différence. Et la vie ne fut pas tendre pour les résistants au pays de France. Loin de là.     Si la France réussit un jour à faire son mea culpa, qu’elle n’oublie pas de présenter ses excuses à tous ces hommes et ces femmes qui choisirent de risquer leur vie au nom de l’honneur et de la liberté, tous ces héros du courage desquels on s’enorgueillit aujourd’hui sans jamais leur avoir exprimé le remord terrible que l’on a de les avoir ainsi blâmés, traqués, arrêtés, torturés, condamnés, exécutés sous le drapeau. La Patrie reconnaissante grandirait à s’affirmer aussi repentante.
    J'ai lu ici et là des commentaires de descendants de ces héros, amers, désabusés. Ils en veulent à qui, d'après vous ? A l'amnésie collective ? Que nenni. Ils en ont après les gardiens de la mémoire juive qui en font trop. "On se souvient tant d'eux qu'on nous en oublie".
    Parce que la mémoire des uns efface la mémoire des autres, c'est bien connu. Il faut le lire pour le croire !

    J’entends d’ici les gaullistes bondir et hurler comme un seul homme, on ne se refait pas, « Mais la France de Vichy, Madame, ce n’était pas la France. »… Possible… Comme l’Italie de Mussolini n’était pas l’Italie. Comme l’Espagne de Franco n’était pas l’Espagne. Comme la Russie de Staline n’était pas la Russie, comme le Cambodge de Pol Pot ne fut pas le Cambodge, comme l’Iran n’est pas l’Iran, comme la Chine n’en finit pas de ne pas être la Chine. Et donc comme l’Allemagne d’Hitler n’était pas l’Allemagne.
    Question subsidiaire. A quels moments de son histoire un pays se reconnaît-il ? Pouvons nous nous dédouaner ainsi de toutes nos erreurs en nous reniant à chaque dérapage ?  A ce petit jeu-là, en déduisant de notre chronologie toutes les périodes troubles de notre histoire, nous sommes bien jeunes.
    Immatures. Inconscients. Tellement déraisonnables…

    Mais je m'égare, je m'égare. Reprenons.

    Nous en étions à l'aberration d'une République qui veut revenir sur une injustice pourtant flagrante, n'est-ce pas ?
    Ce n'est pas comme si, en France, à la fin de la guerre, la qualification de crime contre l’humanité n'avait pas pu être retenue pour la répression des crimes commis donc hélas tant par les Allemands que par les Français, ceci expliquant probablement cela et si la répression n'avait été confiée à des juridictions d’exception, pour des crimes qualifiés de droit commun.
    Pas comme si il avait fallu ensuite réfléchir 20 ans pour que la volonté que les criminels concernés ne puissent bénéficier de la prescription conduisit au texte de loi du 26 décembre 1964 inscrivant le crime contre l’humanité dans l’ordre juridique français.
    Pas comme si un petit article, bien seul dans le gros Code pénal, n'avait enfin déclaré ces crimes « imprescriptibles par leur nature », c’est-à-dire qu’il fut enfin établi que ces crimes pourraient être jugés sans aucun délai dans le temps, en référence à la charte du tribunal international de Nuremberg de 1945 et à la résolution des Nations unies du 13 février 1946.
    Pas comme si la définition ne s'était affinée ensuite au jugé, si l’on peut dire afin que puissent être poursuivis en ce sens les tortionnaires de résistants, comme l'allemand Klaus Barbie, mais aussi le français Paul Touvier, funeste chef de la milice lyonnaise.    
    Pas comme si il avait fallu attendre 1994 pour que le livre II du nouveau Code pénal, entré en vigueur en mars de cette année-là, n'intègre une loi votée par les parlementaires, définissant précisément le crime contre l’humanité (articles 211-1, 212-1 et s. du Code pénal) et prenant en compte les jurisprudences successives.
    Pas comme si il avait fallu attendre cette définition fine et sans ambiguïté pour qu'enfin la France reconnaisse très officiellement en 2001, si, si, vous avez bien lu, 2001, donc seulement  5 siècles après les faits et à peine 7 années après que le texte définitif ait été abrogé, si tant est qu’un texte de loi puisse être définitif, que la traite des noirs et l'esclavage constituaient des crimes contre l'humanité (loi n° 2001-434).

    Je me souviens d'une phrase de Jean- François Revel, j'espère que personne ne m'en voudra de le citer ici, qui disait en substance "depuis le temps que la France rayonne, je me demande comment le monde entier n'est pas mort d'insolation.''
    En prenant cette impensable décision de rejuger une affaire douloureuse qui avait indiscutablement été mal abordée, en prenant le risque courageux de se confronter enfin en pleine lumière à son vieux démon antisémite, que certains analystes pensent d'ailleurs activé par  d'imprudents communautarismes, parce que c'est bien connu, avant les communautarismes, on vivait tranquilles et heureux, où vivent-ils, ces analystes qui n'ont jamais lu de livres d'histoire?, si je les rejoins sur leur planète, est-ce que je serai protégée ?, en rejugeant, donc, loin des hypocrites, un procès bâclé, la Justice française rend enfin ce risque solaire patent.


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