• Hier soir, nous sommes allés dîner en famille à Natanya.

    Il m'est de plus en plus difficile de prévoir des chabbaths en famille. Mes adolescents s'émancipent, ils ont chacun des projets, qui en général m'incluent sur les trajets d'aller ou de retour, parfois des deux, d'ailleurs, vers la liberté chez les autres.

    Tiens, quand j'y pense. Dans leur projets, le plus souvent, je suis incluse en tant qu'hôtesse, parce que la liberté des autres, c'est, corollaire exige, chez moi qu'elle s'exprime, n'est-ce pas ?

    Il n'importe.

    Donc hier soir, Natanya. Avec deux sur trois. L'enthousiasme de mon fils étant probablement lié au fait que son amie habite sur le trajet de Natanya, tu pourras me déposer, Maman, en rentrant, s'il te plaît ?

    Donc. Natanya.

    Et sur le chemin du retour, coup de fil de la maison. C'est ma Pauline, qui est restée avec sa copine Marion. "Maman, nous avons entendu un bruit de bombe. Le sol a tremblé. Et juste après, une sirène s'est mise en route. Marion est en larmes." Chérie, le temps est à l'orage, vous avez du entendre le tonnerre. Nous arrivons.

    D'où ma fille connaît-elle le bruit des bombes maintenant ?

    Ah, pas à dire, nous les adultes du troisième millénaire, nous avons fait du bon travail.

    Ce matin, je lis les nouvelles. Tirs du Liban sur Israël. Et merde.

    Probablement palestiniens, les tirs. Quoi ? Ils sont plus à Gaza, maintenant ? Cette enclave blocusée, enfermée, étouffée, pour laquelle le monde entier s'est enflammé certain jour, pour laquelle le monde entier se tait, depuis quelques semaines, comme si tout le monde n'attendait qu'une éventuelle intervention israélienne pour en plaindre à nouveau les habitants en détresse. Parce que là, ils vont très bien, merci. Ils sont entre eux, tranquilles. Les enfants ont enfin retrouvé leurs droits et la tendresse de leurs parents. Ils sont retournés à l'école où on leur enseigne la joie et l'amour et la liberté.

    Reuters, il y a 1h 52 à 13h 13 : "Tir de roquette du sud Liban vers Israël: au moins trois blessés.

    Au moins une roquette, tirée à partir du territoire libanais..."

    L'inénarrable AFP : "Huit obus israéliens s'abattent sur le sud du Liban.

    Huit obus d'artillerie israéliens se sont abattus sur le sud du Liban samedi matin sur une région du sud du Liban située à 10 km de la frontière, en représailles à des roquettes lancées sur l'état hébreu à partir du territoire libanais, a annoncé à l'AFP l'armée libanaise... "

    On ne peut qu'être émus par les sources d'information de notre agence d'information.

    Pour l'Associated Press, c'est " Deux roquettes tirées en direction d'Israël depuis le Liban : au moins une femme blessée.

    Deux roquettes ont été tirées samedi en direction d'Israël depuis le sud du Liban, blessant légèrement au moins une femme, selon des responsables libanais et israéliens. La responsabilité de ces tirs n'a pas été revendiquée dans l'immédiat..."

    Au moins une, deux, des... Merde. De quoi ils parlent ? On n'y arrivera jamais. En plus, on s'en fout, combien. Il suffit de savoir que par là-bas aussi...

    Comment quelqu'un qui est descendu dans la rue en scandant "Israël assassin" peut-il lire cela ? Que peut-il ressentir ? Que va-t-il faire du malaise qui ne peut manquer de le saisir s'il a l'ombre d'un neuronne en activité dans la cervelle ?

    Le tonnerre tonne depuis ce matin sans que la première goutte de pluie ne soit tombée. Je vais aller étendre mon linge avant qu'il ne pleuve.

    Après tout, ce n'est pas plus con que le reste.




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  • C'est quoi, ça, d'abord, Victoria Cohen ?

    Ca, c'est un petit clin d'oeil à ma mère. Je suis sûre qu'elle aurait aimé.


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  • Je reçois là maintenant le mail d'un ami américain que j'aime et qui se pose les questions de ceux qui n'ont de nouvelles que par la télévision.

    Il veut mon avis. Il veut que je lui explique comment nous avons pu trahir notre mémoire. Il a lu dans le Monde un type dont je ne veux même pas citer le nom qui écrit "Effacez le nom de mon grand-père à Yad Vashem" et il comprend sa colère.

    Il a du mal à croire que toutes les télévisions du monde se soient liguées pour ne nous montrer que l'horreur subie par le peuple palestinien.

    Le problème n'est pas que l'on nous montre l'horreur subie par un peuple. Cette souffrance est réelle et il n'y a pas à revenir là-dessus, hélas. Le drame, c'est que cette horreur n'est pas exactement celle que l'on nous montre. Le drame, c'est que l'horreur mise en scène qui occulte totalement la réelle à nos yeux, n'est qu'un prétexte pour remettre en cause la légitimité d'un autre peuple, en l'occurence, le mien. La mémoire d'un autre peuple, en l'occurence, le mien. Le droit à l'existence même d'un autre peuple, en l'occurence, le mien. Lorsque les Russes ont accablé les Tchétchènes, je n'ai lu nulle part qu'il était dommage que la Révolution russe n'ait pas tué plus de russes et qu'il fallait rayer la Russie de la carte du monde. Plus terrible encore, quand la souffrance du peuple palestinien lui est infligée de l'intérieur par le mouvement terroriste qu'il a, parait-il, élu, le drame absolu, c'est de désigner un faux coupable, laissant libre cours aux monstres en liberté de continuer en toute impunité leur sinistre besogne. Quelle horreur !

    Je réalise que je ne sais pas par où commencer. Je réalise que s'il est une seule personne à convaincre, pour moi, c'est cette personne là. Je réalise aussi que si je convainc celui là, c'est que tout le monde peut l'être.

     

    Mon combat est devant moi.

    Il faut à présent que j'aiguise la seule arme que je connaisse. Que je reconnaisse. Ma plume.


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  • Vu hier sur une télévision arabe, j'avoue que je ne suis pas sûre que cela soit Al Jezira.

    Les dirigeants du Hamas, une dizaine d'hommes debout devant le micro, passablement excités, expliquant d'une voix forte : Alors. Celui qui a perdu sa maison recevra 4000 euros. Celui dont la maison a été détruite pour moitié recevra 2000 euros. Celui qui a perdu un membre de sa famille recevra 1000 euros et si c'est un enfant 500 euros.

    J'ai envie de pleurer.

    Tiens, je vais pleurer un petit coup pour de bon. Détoxifions.



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  • J'ai écrit l'article Etat d'âme comme ça, d'un jet, sans prendre beaucoup de temps pour choisir mes mots ou mes formules. Puis, j'ai écrit l'article Une guerre plus tard, qui est rigoureusement le même, mais mis en forme, plus réfléchi, plus concis. C'est ce que devraient faire tous les journalistes, non ? Un brouillon. Puis le papier réfléchi...


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