• Meurtre de Ilan Halimi. Nausée autour du procès des enfants bourreaux.

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    le 01/08/2009 à 20:32, vu 1085 fois, 1 nombre de réactions
    Info non vérifiée par la rédaction du Post.

     

    Contre le minable instigateur du meurtre, l'avocat général a requis la perpétuité. Perpette, au bout du compte, c'est quoi, 20 ans, tout au plus ? Tttt. Tttt. Allez, soyons fous, 22 ans. Incompressibles, s'il vous plait.
    Certes.

    20 ans, 22 ans... C'est quoi, au juste ? Rien. Une vie.
    A priori, c'est un signe qui nous honore. Signe de démocratie, d'avancée humaine, d'intelligence sociale. La perpétuité carcérale en France est inversement proportionnelle à l'allongement de la durée de vie. Soit.
    Mais mes 10 ans de fréquentation assidue des tribunaux (en tant que journaliste, la fréquentation, section croquis d'audience) m'ont ancrée dans l'opinion que cette improductive mise au ban de notre société n'a aucun sens. Je sais bien qu'on n'a rien d'autre en magasin, mais la prison me semble une réponse totalement inappropriée dans la plupart des cas.
    Dans ce cas précis, je suis prise de nausée. Dans ce cas précis, quand j'écris réponse "inappropriée", le mot est faible. Car ce crime là a d'amers relents de crime contre l'humanité. Envie de détruire, sans raison, juste parce que l'autre est. Déplacement des notions de bien et de mal. Absence totale de compassion des enfants bourreaux... Oui, mais me direz-vous, on ne peut pas parler de crime contre l'humanité quand il n'y a qu'une seule victime. Le propre du crime contre l'humanité est de viser un groupe.
    Mmmmmmm.

    Nausée encore. J'ai évoqué la totale absence de compassion des enfants bourreaux. Ce n'est pas tout à fait exact. Les exaspérantes vélléités de méchanceté suprême du misérable tortionnaire de banlieue qui essaie de tirer à lui la couverture traduisent une pathétique auto-compassion. Ces ridicules rodomontades qui sont autant d'appels au secours. Al Quaida, venez me chercher. J'existe. Regardez comme je suis méchant. Regardez l'odieux terroriste que je peux faire. Donnez moi 20 ans, bon, 22 et j'arrive. Attendez-moi. Pitié. Attendez-moi.
    J'ai écrit pathétique... Pathétique ? Son avocate soi-même le trahit en exprimant son admiration pour son intelligence. Dommage. Crétin, il eut peut-être été défendable. Il ne l'est donc pas.

    Il n'empêche. La mise en scène est gênante. Trop spectaculaire. Trop grosses ficelles. Si ridicules appels au secours. Et vas-y que je te lance ma chaussure. Pitoyables essais d'exister. Bien joué, cependant. Bien essayé. Avec, au vu du vent de folie qui souffle sur la planète, de réelles chances d'aboutir.

    Hum. Regardons d'un peu plus près.
    Et là. Là. La nausée monte au bord des lèvres. A la défense, on découvre des avocats engagés. Plutôt mal, d'ailleurs. Très très à droite. Des pointures. Un ancien de la défense de Saddam Hussein. Une autre, récusée parce que son nom était à consonance juive, consonance juive, tu parles, est rien moins qu'une ancienne collaboratrice du sulfureux Vergès. Dont on sait qu'il est cher et pas très regardant sur l'origine de ses honoraires.
    Qui est allé dénicher ces avocats suspects ?
    Qui les a payé ????
    Avec quoi ?????

    Mieux. L'ancienne de Vergès est aussi la femme du terroriste Carlos. Rien que ça. Lequel Carlos qui croupissait dans sa cellule sort soudain de son oubli pour assurer un autre excité patenté de son soutien à sa pauvre liste électorale hors sujet.
    Je ne sais pas quoi faire avec ça. Je ne crois pas au hasard. Pendant que sa femme se fait sortir le 19 mai parce que donc son nom est à consonance juive, son assassin de mari nous rappelle bien haut et bien fort le 24 de ce même mois qu'il est antisioniste. Que veut dire tout cela ? Carlos a-t-il signifié ce jour là à l'apprenti terroriste qu'il avait entendu son appel ? Est-il possible que les deux affaires ne soient pas liées ?

    La nausée s'étend quand on pense que cette affaire d'enfants bourreaux est jugée par un tribunal de mineurs. 27 accusés qui, tous, sont allés à l'école. Le grand souffle de la liberté démocratique est passé au dessus d'eux sans y laisser aucune empreinte. Quel échec cuisant de notre intelligence et de nos libertés... J'entends d'ici l'Éducation nationale se dresser comme un seul homme. De quoi, de quoi, l'école ne saurait être tenue pour responsable de toutes les dérives de notre société... Des dérives, non. Mais je donnerai bien à l'école la responsabilité du partage des valeurs, de l'éveil des intelligences, de la découverte des autres et de soi. La réforme de l'Éducation nationale, c'est peut-être en ce sens qu'elle devrait s'orienter.

    Quand notre société s'avère inexplicablement impuissante à transmettre ses valeurs.

    Je reste persuadée que la seule réponse possible à tous les obscurantismes reste l'école pour tous républicaine. Un extraordinaire forum qui nous réunit à des âges où tout est encore possible. C'est sans doute de ce côté là qu'il convient de fouiller et d'agir.

    Appelons les choses par leur nom. C'est d'une affaire d'enfants bourreaux qu'il s'agit. Et pas n'importe quels enfants. Ce sont les nôtres. Ou des copains des nôtres, ce qui revient au même. Une société qui voit ses enfants dériver vers la sombre barbarie du fond des âges quand elle leur a enseigné les principes républicains de la liberté a des questions à se poser. De vraies questions d'adultes. Sans complaisance et sans indulgence. Et si, pour une fois, nous osions rechercher les véritables responsabilités ?

    Parce que c'est un enfant, encore, un enfant tranquille de notre civilisation confortable, qui a payé de sa vie notre hypocrite mièvrerie. Un enfant souriant et charmeur qui, trois semaines durant, a subi l'impensable. A quel moment ce jeune représentant du troisième millénaire a-t-il compris du fond de sa geôle moyenâgeuse qu'il n'avait plus rien à attendre de nous ? A quel moment a-t-il su qu'il avait été transporté hors du temps et du monde civilisé que nous lui avions présenté comme le seul viable ? A quel moment a-t-il réalisé qu'on lui avait menti ? Pourrons-nous jamais croiser le regard de sa mère ? Pourrons-nous survivre à la communion de douleur que ne peut manquer de nous inspirer l'innocence de nos propres enfants qui jouent, rieurs au jardin, innocents de la fureur des hommes, de notre indécente folie ?
    Quand allons-nous enfin grandir ?


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