• Le verdict du procès des assassins d'Ilan Halimi est tombé. Républicain, exemplaire, éclairant. En u

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    le 11/07/2009 à 14:54, vu 1209 fois, 4 nombre de réactions
    Info non vérifiée par la rédaction du Post.

     

    N'en déplaise à certains, public ou pas, ce procès aura été exemplaire.

    Il nous a éclairé sur bien des points.

    Tout d'abord, on est rassuré, l'antisémitisme n'est pas mort. Il se porte même à merveille et nous sommes toujours aussi désemparés, aussi stupides face à lui. Il se cuit encore à l'étouffée. Marine définitivement mieux dans le silence. Réveille d'obscures névroses, d'enfouis ressentiments. Tout pareil qu'au bon vieux temps. Ouf.

    Nous, le public incrédule horrifié, une fois encore, on l'aurait voulu petit, moche, vieux, fourbe, glauque, en un mot, barbare, l'antisémite. Et il l'a bien compris, le bougre qui a assuré une affaire clé en main, fournissant outre le spectacle, son ridiculissime totem que je me refuse à employer même si des médias avides de travail mâché se sont empressés de le relayer. On l'aurait bien voulu crétin, donc. Mais une fois encore, il n'est rien de tout cela. Il est beau, intelligent, jeune et merveilleusement contemporain. Il a des connections Internet. Il a des lettres. Il fait des citations de bon aloi. Brrr.

    Il a presque réussi à enlever la vedette à ses ovins comparses. Qui pourtant n'ont pas donné leur part au chat, dans l'immonde. Mais qui tous, parait-il, regrettent. On les croit.

    En face, qui avons-nous ?
    La famille de la victime, dite partie civile, même si elle subit la pire incivilité du monde. Éperdue d'un chagrin noble et digne. Définitivement infréquentable. Noblesse et dignité sont des notions irrémédiablement perdues en nos tribunes.

    Leur avocat. Un vrai. Avec une colère d'avocat, des effets de manches d'avocat, un théâtreux juridique de haute volée. Sauf que pour qui ne connait pas les prétoires, ce style est un rien forcé, et encore, on échappe en France à la surréaliste perruque poudrée de nos voisins anglais.

    En réalité, pour qui ne connaît pas les prétoires, et, ce quel que soit son crime, l'accusé fait toujours figure de petite chose, menotté, pisseux, repentant ou pas, encadré de policiers qui le font deux fois qu'il est, la part belle va immanquablement à l'avocat de la défense qui comme son nom l'indique, défend, et plus indéfendable est sa cause, plus touchant il est. L'avocat de la partie civile est un teigneux, quoi qu'il arrive, qui n'a jamais le dernier mot et s'entête quelles que soient les circonstances à réclamer la sévérité de l'avocat général qui se livre au réquisitoire final.
    C'est un peu court, je sais bien, mais à peu de choses près, le théâtre judiciaire est vraiment de cet ordre là et généralement, les acteurs jouent bien leur rôle.

    Les avocats de la défense, parlons-en. Résolument subversifs. Ingénieusement récusés.

    Les médias. Plus vrais que nature. Sur lesquels nous sommes enfin fixés. "Nous n'y sommes pas, certes, mais nous vous raconterons tout de même". Et de nous expliquer très sérieusement comment on peut témoigner d'un fait auquel on n'a pas assisté.  Fort bien. Fort bien. Au moins, c'est dit.

    Alors, bien sûr, après, il y a quelques petits dérapages. Genre, titre relevé sur Internet et dans la presse. "Fofana : "Il vaut mieux vivre un jour comme un lion que cent jours comme un mouton."" Effectivement que n'importe quel journaliste digne de ce nom aurait titré : "L'accusé cite pour conclure David Ben Gourion" au lieu de laisser les lecteurs penser même une seconde que ce type-là a pu avoir cette pensée-là. Sans compter que la seule chose intéressante de l'histoire, c'est de penser que cet assassin qui a parait-il été peu réceptif à l'école, a ensuite orienté sa culture générale islamisante en allant à la rencontre d'au moins un penseur juif et pas n'importe lequel. Troublant. On a pu lire, pour ceux qui ont cité la source et ils ne sont pas légion,  parce qu'il faut bien nous expliquer, hein ?, que David Ben Gurion était "considéré comme un des fondateurs de l'Etat hébreu". Jolie analyse. Très fine. David Ben Gurion, premier premier ministre de l'État d'Israël est l'homme qui a lu au monde la déclaration d'indépendance du nouvel État en mai 1948. Il est par là-même une des grandes figures du monde moderne, d'après le Times, "une des 100 plus grandes personnalités du XXème siècle". Pas moins. Alors bien entendu, on s'attendait à une ultime provocation de Fofana et on n'est pas du tout étonné qu'il cite un juif emblématique. Ce qui explique sans doute que je n'ai vu ni entendu nulle part personne se demander pourquoi un type comme Fofana peut citer Ben Gourion, et dans une jolie phrase, encore, alors qu'il y en a bien d'autres autrement plus intéressantes, ces juifs qui cherchent toujours à tout comprendre et doutent toujours de tout, donnant à leurs détracteurs le baton pour les frapper !, ben non, c'est une jolie phrase romantique qu'a choisi l'accusé immonde, une phrase totalement hors sujet, d'ailleurs, mais cela n'a l'air de ne gêner personne, alors qu'on aurait attendu de lui une citation autrement engagée.

    Pour finir, citons "les militants juifs radicaux" qu'on attend au tournant et qui ont obligé la Ville de Paris à  renforcer la surveillance autour du Palais de Justice, c'est qu'ils seraient bien capables de s'exciter autour du verdict, ces ingrats. Ca tombe plutôt bien, d'ailleurs, parce qu'on pourra s'amuser à traiter ça en parallèle des émeutes de Firminy, les médias aiment bien ces parallèles-là, ça leur donne l'impression d'équilibrer les pressions.

    Du pain béni en perspective.


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